Gabriel Lévy
Le premier mot était probablement ignoré de la plupart d’entre nous. Le second en revanche est un mot chewing-gum mastiqué ad nauseam par nos dirigeants politiques.
Remercions donc le quotidien la Provence du 17 juin qui nous a évité une hospitalisation pour découvrir l’existence du mot « holisme ».
Il est défini « par la pensée qui tend à expliquer les parties à partir du tout », révélation philosophique devenue une mine de brillantes conférences au titre éminemment évocateur pour des « patients » : « Corps et âme, le courant holiste dans la médecine française de 1930 à 1960 »… 1960 en attendant une suite.
« On soigne les malades par la culture », écrit donc ce journal. Mais l’assistance publique de Marseille ne réserve pas ses bienfaits qu’aux malades puisque les conférenciers se produisent en ville « à l’Alcazar », ou dans des pays étrangers tels que « Beyrouth, Alexandrie etc… ». Ah, cette Union pour la Méditerranée, que de dépenses on fait en ton nom !
Et oui, comme tout a un prix, il faut savoir que contribuables et assurés sociaux ont dépensé 700 000 € pour ce fantasme d’un fonctionnaire, et le journaliste, nous prenant en pitié, de s’écrier : « Holisme, Ô désespoir ! »
Le holisme étant défini comme opposé à la pensée individualiste, les partis politiques nous répètent que les individus (entendez les électeurs) doivent être réunis dans une « pensée globale » représentée par « des » valeurs, dont on attend qu’elles soient précisées, proclamées et surtout appliquées. Il ne suffira plus d’affirmer : « nous n’avons pas les mêmes valeurs ! »
Or, ce mot ressassé ne sert qu’à un combat politique dérisoire. Ainsi, il y aurait des valeurs propres au PS, à l’UMP, au FN, confondant « valeur » (morale, éthique ?) et « organisation de la société ». Que l’on sache, il n’y a pas dans l’un ou l’autre de ces partis des meutes d’assassins, de voleurs, de prévaricateurs, mais seulement des citoyens aux opinions différentes sur la conduite à tenir pour préserver l’intégrité de notre civilisation et de notre pays. Les mots : immigration, laïcité, identité nationale, démocratie, voire socialisme et libéralisme, sont-ils vraiment les plus grands diviseurs communs ? Et si le mot contribuable pouvait être leur plus grand dénominateur commun, nous en serions ravis.
Tant que le mot « valeur » ne sera pas défini il ne servira qu’aux insultes et nuira, précisément, à la bonne organisation de notre pays.
« Mal nommer les choses c’est ajouter à la misère du monde » (Camus).