Geneviève Frixon
Les lois de décentralisation ont laissé aux communes, départements et régions les coudées franches pour dépenser sans compter, et ont donné suffisamment de pouvoir aux maires, conseillers généraux et régionaux pour signer des chèques et semer aux quatre vents.
L’excellent éditorial de François Genthial du magazine « CAPITAL » interpelle les élus locaux. Il faut dire que notre pays souffre d’une indigestion de millefeuille administratif qui se traduit par : 4039 cantons, 100 départements, 26 régions et 35.000 communes. Ce monsieur nous donne le chiffre faramineux de 215 milliards d’euros de dépenses en 2008 soit une progression de 79 % depuis 2000. Quant à la fiscalité locale, celle-ci a augmenté de 43.4 %.
Dans un dossier intitulé « gaspillages locaux », le magazine épingle : les voyages d’étude qui se transforment en voyages touristiques payés par le contribuable, les emprunts à risque exposant les collectivités aux dettes toxiques. Sans surprise, Aubagne figure dans leur tableau des 14 communes les plus exposées, avec ses 50 millions d’euros « structurés ». Véritable bombe à retardement pour nos impôts locaux. Nous avons droit au commentaire suivant : « la ville a réduit de moitié la part de ses prêts structurés, qui restent très risqués. Le poids de sa dette représente 57 ans d’épargne ».
Marseille n’est pas en reste. En effet, la ville a dépensé 50 millions d’euros pour la nouvelle salle du conseil municipal qui ne sert que douze jours par an. Une petite bagatelle ! Et de poursuivre avec une folie dédiée à la glace à quelques encablures du Vieux-Port, à la Capellette. Une patinoire géante. La municipalité n’a pas dévoilé le montant des frais de fonctionnement dont la note d’électricité, nous dit-on, équivaudrait à celle d’un millier de logements. Et l’on viendra ensuite nous parler d’économie d’énergie ! Encore une « perle » pour la route : la région aurait allongé 238.000 € pour la réhabilitation du terrain de l’Association bouliste de la cité Saint-Barthélémy dans le nord de Marseille (une Amicale de retraités de la SNCF de 90 adhérents). D’après « Capital » le local de 35 m² a coûté 153.000 € (soit 4.300 € le m²….une broutille) les 85.000 € restants pour l’aménagement paysager ? Du sable pour l’essentiel. Mazette ! Le bailleur HLM qui a sollicité la subvention explique « que les nouvelles règles d’urbanisme les ont obligés à réaménager le local et à construire une rampe pour handicapés ». Ca fait cher la partie de boules !
Le projet de loi de réforme des collectivités territoriales, à l’étude actuellement, souhaite réorganiser et clarifier notre paysage institutionnel en créant deux pôles départements-région et communes-intercommunalité ? Espérant que celui-ci ne donnera pas naissance à une eunième usine à gaz.
Sources : Capital février 2010