Gabriel Lévy
Jamais le titre du Monde du 07 août (« Nicolas Sarkozy joue son quinquennat sur le sauvetage de la zone euro ») n’aura été plus agaçant. Qui faut-il sauver : M. Sarkozy, l’euro, ou les Français ?
Depuis quelques jours nous avons l’impression que notre chef d’état se comporte dans l’Euroland, comme un joueur malchanceux dans un casino, persuadé que le prochain coup sera le bon et qu’il ne peut que se refaire. Les mises volent, augmentent, la frénésie ne paraissant pas avoir de limite, sauf celle de l’Allemagne qui vient de dire pouce, en refusant d’alimenter de nouveau le Fond Commun.
Pour les profanes que nous sommes, il y a quelque chose d’incompréhensible à remettre aux dirigeants des pays en difficulté des sommes colossales, dans l’espoir qu’elles serviront à désintéresser, ou au moins à calmer, leurs créanciers, aux premiers rangs desquels les banques françaises dont on nous dit qu’elles sont dangereusement engagées dans la dette de ces pays. Pourquoi alors passer par des « intermédiaires », des états que l’on a accusés d’avoir triché sur la présentation de leurs comptes pour entrer dans l’Union Européenne et dans la zone euro ? Désintéressons nous-mêmes ces créanciers en leur prêtant l’argent que l’on s’apprête à donner aux états débiteurs, car nous aurons plus de chance pour le récupérer.
Pour les esprits chagrins que nous sommes, il y a quelque chose d’incompréhensible à admettre que des sommes folles roulent sur le tapis, que des milliards d’euros partent en fumée lors des séances de la bourse, et que la France persiste à arroser des déserts. Ainsi, tout récemment, le 15 juillet, notre premier ministre annonçait que « la France débloquera pour la Côte d’Ivoire trois milliards d’euros, sous forme d’aide et d’allègement de dette, à partir de la mi-2012, cela en plus des 400 millions d’euros déjà promis depuis la chute de Laurent Gbagbo » (site France Inter).
Pour les contribuables que nous sommes, à qui est annoncé un nième (depuis 2007 !) train d’impôts et de taxes, nous nous réjouissons cependant que, parfois, les cadeaux soient parfois offerts à des Français… comme à M. Tapie.